Le
télégraphe optique de Chappe à Bouliac
et le télégraphe municipal
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Rappels
historiques
La Convention, le 4 août 1793, décrète la création de la première ligne de télégraphe entre Paris et Lille. La réussite de la ligne de Paris-Lille permettra d'envisager la création des lignes suivantes. |
La technique
En 1834, est créée la ligne du Midi qui relie Bordeaux et Narbonne. En 1840, elle sera prolongée jusqu'à Perpignan et Avignon. La station émettrice est portée par la tour de l'église Saint-Michel. Le premier relais de cette ligne est placé sur la place Chevelaure qui donne une visibilité parfaite sur Saint-Michel (le jour et par temps clair !). Le relais suivant est situé à Sadirac. Le premier télégraphiste de Bouliac fut
Antoine Cazaux. C'est le premier "télégraphier" de notre commune ! Les deux derniers télégraphiers, en avril 1853 étaient : Cazaux et Reaux. Fin 1844, commencent les travaux de la première ligne télégraphique électrique Paris-Rouen qui marque le début du démantèlement du télégraphe optique, ligne après ligne. La tour de Bouliac a disparu en 1855 après l'abandon de cette ligne en avril 1853. "... le prix de la vente fut consacré à la plantation des ormes que nous voyons aujourd'hui. La place Chevelaure et le télégraphe optique vus par l'abbé Pareau "Sur cette place s'élevait la tour d'un télégraphe aérien. Le premier télégraphiste de Bouliac fut M. Ant. Cazeau, dont la fille, Mme Herminie Bouluguet, habite le village. La tour fut démolie en 1855, et le prix de la vente des matériaux fut consacré à la plantation des ormes que nous voyons aujourd'hui. Pour assurer sans frais aux arbrisseaux la culture et le gardiennage nécessaires, la municipalité afferma la place, avec cette condition que les tendres ormilles seraient l'objet, en temps opportun, des soins voulus, que même on ne sèmerait ou planterait les légumes qu'à une distance déterminée de leurs frêles racines. L'heureux fermier, l'ange protecteur des jeunes néophytes, fut Leli Badé, dont la fille a épousé M. Jules Panchaud. Inutile de dire que jamais arbustes n'ont reçu, dès le berceau, de plus fortifiantes caresses. Jamais non plus un potager n'a vu plus riche végétation que cette place : pois géants, fèves colossales, patates merveilleuses, et les choux !!..... Malheureusement tout cela poussait sur des débris d'ossements humains !" . Au
centre de ce petit cimetière, s'élevait une croix de pierre, légèrement
noircie et égrignée par le temps. Elle avait traversé les jours de la
Révolution. Pourquoi, et par qui fut-elle démolie sous le pastorat de M.
Dubordieu ? J'attire l'attention du lecteur sur l'adjectif égrigné qu'il aura bien du mal à trouver dans un dictionnaire. Il est mentionné dans une analyse du patois rochelais de 1780 qui indique que le verbe égrigner signifiait : écailler, écorner. On l'a retrouvé dans les expressions grigner les grenons (froncer les sourcils) et grigner des dents (grincer des dents). La place du télégraphe changera de nom, le 10 septembre 1876, par décision du conseil municipal : elle deviendra "Place Chevelaure en souvenir de Monsieur Chevelaure, ancien propriétaire dans la palus, le généreux bienfaiteur des pauvres de l'église de Bouliac." **** La tour à gauche , premier relais de la ligne Bordeaux-Bayonne, est située à Gradignan dans le parc de l'Institut des Jeunes Sourds. Elle a fonctionné de 1823 à 1853. Elle faisait partie des 110 stations de cette ligne. On peut imaginer une tour identique occupant l'emplacement actuel du Monument aux Morts. Imaginons... car les archives communales ont perdu toute mémoire de cette tour ! |
Sur ce tableau de
1850, on perçoit, à gauche, la tour Saint-Michel, terminée par la station du
télégraphe optique qui laissera sa place à la flèche qu'on voit en 2009.
La tache éclatante, au centre du tableau, a été produite par le flash de
l'appareil photographique;
Extrait d'une carte montrant
Bouillac
(!) et Sadirac
en tête de ligne.
Victor Hugo a vu le télégraphe de la tour Saint-Michel en 1843
La tour du télégraphe optique à Sadirac
La Mairie de Sadirac a publié quelques renseignements relatifs à ce deuxième relais de la ligne Bordeaux - Narbonne
La commune de Capian, possède les vestiges du troisième relais de
la ligne Bordeaux -Narbonne.
Extrait de Les Cahiers de l'Entre-Deux-Mers, Mars-Avril-2005
A la fin de la seconde guerre mondiale, la commune de Bouliac fit ériger un monument aux morts pour la France, sur l'emplacement de la tour du télégraphe optique.
Le 22 juillet 1928, le Conseil étudia les devis d'un deuxième monument qui devait être construit au centre du nouveau cimetière (voir la page consacrée aux cimetières de Bouliac). Le montant des travaux projetés s'élevant à 17500francs, le Conseil le déclara trop élevé et décida qu'il était nécessaire de modifier le projet de façon à réduire la dépense à 8000 francs.
Le télégraphe municipal
Cette photographie nous montre une exhibition de la société de
gymnastique, au début du XXème siècle. On remarquera, au-dessus de la porte
centrale de la mairie, l'inscription TELEGRAMME.
La cuisine de Mme Reyt se trouve derrière la première fenêtre
de gauche.
Il est né bien plus tard, à la fin du XIXème siècle : le 23 octobre 1892, grâce au maire M. Hervouët. Il propose au conseil de voter une dépense de 1200 francs : 240 francs pour 2 kilomètres de ligne, 310 francs pour la ligne sur poteaux, 250 francs pour les appareils et 400 francs pour installation de ce matériel.
Le 20 novembre 1892, le conseil apprend que ce
projet a été adopté par le préfet. Deux problèmes restent à résoudre : le local
et le responsable du service. Mme Reyt, l'institutrice contactée par le maire, a
accepté le service de la manipulation mais "à la condition qu'elle sera
autorisée ... à installer le cabinet de manipulation dans sa cuisine. Ce cabinet
aurait 1,65 mètre sur 1,60 mètre de large, soit 2,60 m2 . La cuisine
ayant une surface de 19,80 m2 , l'institutrice disposerait encore de
17, 16 m2 , surface plus que suffisante pour les besoins du
ménage. Le vestibule de la mairie mis en communication avec le cabinet de
manipulation par un guichet tiendrait lieu de salle d'attente."
Pour le responsable du service, le maire envisage une dépense annuelle de trois
cents francs pour Mme Reyt qui aura pour charges : la réception et la
transmission des dépêches, l'entretien du local pour le cabinet de manipulation,
l'éclairage, le chauffage et le nettoyage du local, des frais de bureau et du
traitement du suppléant ou de la suppléante.
Toutes les dépêches reçues seront distribuées gratuitement dans toute la commune
par une personne, nommée par le maire, qui recevra cent francs par an et ne
pourra s'absenter sans se faire remplacer durant tout le temps réglementaire que
le bureau du télégraphe sera ouvert.
Le 11 février 1893, "la fille Soupire, le facteur
municipal engagé pour un an, pour la distribution des télégrammes, refuse de
renouveler son engagement. Elle a écrit à la Gérante, Mme Reyt. Celle-ci a
trouvé une remplaçante pour le même prix, et Melle Pelleterie a été proposée à
l'Administration supérieure."
Le Conseil est informé que la dernière annuité, due à l'Etat, de l'installation
du télégraphe municipal (377 francs) sera versée au cours du mois ainsi que les
frais relatifs au déplacement de la sonnette d'appel du porteur de télégrammes.
Le 3 juin 1894, le maire rend compte de la souscription lancée dans la commune pour la mise en place du télégraphe municipal : 1363 francs ont été recueillis alors que le total des dépenses a été de 1362,98 francs.
Ainsi, en 1894, Bouliac est doté d'un télégraphe logé à la Mairie et d'un bureau de poste situé sur l'emplacement de l'actuel bureau de 2010. Le premier a disparu depuis longtemps, le second est toujours là, mais après avoir connu d'importantes modifications dans les années 1970.
Le 10 février 1896, le Conseil prie le préfet de bien vouloir faire les démarches nécessaires auprès de l'Administration des Postes et Télégraphes pour que quelques poteaux télégraphiques, qui par suite de la réfection du chemin n° 7 dit de Vimeney se trouvent loin du fossé, soient reportés sur le bord du fossé.
Le 26 mars 1914, le Conseil prend connaissance de la cessation des fonctions de Marie Pelleterie (en fonction depuis 1893). A l'unanimité, Nizida Bouluguet est choisie pour lui succéder.