La maison Vettiner
Vue aérienne du domaine
Vettiner en 2006 : en bas, le jardin et
la maison; en haut, la partie du domaine qui est devenue la place Vettiner, à la
fin du XXème siècle.
Sur cette vue aérienne (1965 ?), on voit nettement le parc Vettiner tel qu'il
était avant la construction de la place Georges Vettiner. On notera également
que la résidence du
Côteau n'est pas encore sortie de terre!
La maison Vettiner au début du XXème siècle
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La maison Vettiner en 2009 |
Le
puits de 35 mètres de profondeur, toujours équipé de son
tambour.
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Façades Sud et Est |
Façade Sud et Ouest |
Le mur de la rue du Bourg, côté Ouest |
L'actuelle Place Vettiner a été construite sur le domaine Vettiner. |
Le domaine Vettiner s'étendait jusqu'à l'abri-bus actuel. |
Les informations données ci-dessous sont extraites de l'ouvrage
Maisons de campagne à
Bouliac et Latresne de 1750 à 1880,
mémoire de Maîtrise d'histoire de l'art (1993) de Danièle Thomas.
"En
1727, J. Jandreau, tailleur d'habits à Bordeaux, vend à J. Pellet, bourgeois et
négociant, également à Bordeaux, la maison noble située à Bouliac, appelée "à
Clausure", consistant en bâtiments, terres et pigeonnier; cette maison rendait
hommage au roi pour son duché de Guyenne. Jeandrau père avait constitué ce
bourdieu en achetant des terres saisies par arrêt de décret du Parlement
Bordeaux en septembre 1689 ; une autre partie lui fut vendue par le sieur
Lauvergnac en 1701, une dernière parcelle fut échangée avec A. Lesparre en 1713.
Tous ces biens furent donnés au fils Jeandrau au moment de son mariage, en 1726;
à ce moment la maison consistait en chambres basses et hautes, avec mansardes
au-dessus, chai, cuisine, cour, puits, jardin, vigne où il y a un pigeonnier. J.
Pellet donne ce bourdieu à sa fille en dot, lors de son mariage avec Ch.
Clarmont, négociant à La Grenade: en 1778, ses filles vendent la maison noble de
Clausure à Jean Carrié, capitaine de navire, et une partie des terres à J.
Amain, négociant rue Poitevine à Bordeaux.
L'inventaire des meubles dressé au moment de la prise de possession précise les
pièces de la maison : au rez-de-chaussée de la maison de maître : cuisine, salle
basse prenant jour sur la cour au Sud, et le chemin de Malus à l'Est, au premier
étage, deux chambres plus petite à côté de l'escalier, et une autre prenant jour
sur la cour où se trouve une grande quantité de vaisselle. La maison
était dans un grand état de délabrement: dans une chambre haute, un lambris
était décloué à cause de la défectuosité de la charpente; il faut faire
recouvrir à neuf la majeure partie des bâtiments, car, dit la femme du fermier,
il y pleut partout; portes, contrevents, vitres et croisées doivent être
refaites à neuf, car ils ne peuvent être réparés.
La famille Carrié garda ce bourdieu jusqu'en 1834 où Nancy Carrié le vendit à G.
Mestre, négociant. On retrouve ue description de la maison en 1837, au moment de
la vente aux enchères de l'héritage de G. Mestre; à ce moment, on avait au
rez-de-chaussée du "château Carrié" : trois pièces, plus une chambre au Nord, et
au premier étage cinq chambres, dont une au Nord du corridor et prenant jour sur
la cour au Nord. Cette aile a été, vraisemblablement modifiée et rendue
habitable par la famille Carrié.
Entre 1837 et 1872, la maison changea six fois de propriétaire; en 1872, elle
fut achetée par Joachim Touchard, curé de Tabanac qui la légua à sa filleule :
Hélène Vettiner, dont les actuelles propriétaires sont les nièces.
Dans l'aile Ouest, la cuisine du logement du fermier, où il y avait un four à
pain ouvrant dans la cheminée, a perdu son toit et sert de cour, un logement a
été aménagé dans l'aîle Est."
Croquis par D. Thomas de la façade Sud en 1991
La maison
Vettiner
photographiée par M. Forgues
au début du XXème siècle (1913) quand
Bouliac
comptait 721 habitants.
Je
me souviens "des demoiselles" Vettiner...
Anne-Marie Serre-Simounet
Je me
souviens d'Anne- Marie et Hélène Vettiner qui passaient leur été, avec leur
mère, à Bouliac dans la grande maison du Bourg. Anne- Marie brodait
et cousait alors que "mademoiselle Hélène", comme nous l'appelions avec respect,
donnait des leçons de piano. Bien des enfants, que les parents
souhaitaient éduquer " artistiquement", débutaient leurs études
musicales avec Mademoiselle Hélène. Elle était la musicienne de la famille
formée par son père, violoniste. Ce père, décédé alors qu'elle était jeune
fille, elle le vénérait ! Je me souviens de son violon, posé sur un harmonium
dans le grand salon où nos prenions nos leçons de piano. Afin de rester
fidèle à l'époque où ce père vivait, elle refusait de faire installer
l'électricité dans la maison et c'est à la lumière des lampes à pétrole, sur le
piano, que nous jouions. Je me souviens de Mademoiselle Hélène abritant da sa
main fine et joliment baguée d'une perle bleue, l'allumette qu'elle approchait
de la mèche et du verre qu'elle reposait délicatement sur la lampe. Ce rituel
m'enchantait! Jouer à la lueur des lampes ne manquait pas de charme et
notre interprétation y gagnait peut être en romantisme, qui sait ? Mademoiselle
Hélène, pleine d'enthousiasme lorsque ses interprètes favoris donnaient des
récitals au Grand Théâtre de Bordeaux, n'hésitait pas à nous convier aux
concerts et elle a ainsi développé en certains d'entre nous une sensibilité
musicale et un goût pour les grands musiciens classiques. J'ai , grâce à
elle, eu la chance de voir et d'écouter des pianistes remarquables, Alfred
Cortot, Samson François, Georgy Cziffra son favori. A la sortie d'un
concert de Cziffra, en admiration devant une immense affiche de l'artiste collée
sur un pilier du théâtre, elle obtint de Claude, mon mari, qu'il la décroche!
L'image trouva sa place sur un des murs du salon où elle put l'admirer pendant
des années.
A la belle saison, ces dames sortaient les chaises pour coudre et broder sous la
grand sapinette qui envahit, actuellement, la cour ouvrant sur la place.
Après la leçon, je me souviens que nous jouions à monter sur le dos des énormes
tortues sorties de terre dès que le printemps revenait. Elles réussissaient à
nous déplacer de quelques centimètres à notre grande joie! Nous jouions aussi à
cache-cache derrières les buissons pour effrayer, lorsqu'elle
s'approchait, la "petite naine" qui passait ses vacances chez ces dames. Ces
jeux n'avaient rien de musicaux mais faisaient partie toutefois de l'attrait des
leçons qui parfois nous rebutaient un peu, surtout à la belle saison.
Je pense que les demoiselles aimaient bien nous accueillir dans leur jardin et
les regards que je pose aujourd'hui derrière les grilles fermées sont toujours
teintés de nostalgie. Ne vais-je pas y apercevoir la haute et frêle silhouette
de Mademoiselle Hélène que ses cheveux coiffés en haute tuffe rendaient encore
plus élancée? Ne vais-je pas découvrir Marie-Louise, la naine, accrochée à la
grille, nous faisant la grimace? Ne vais-je pas entendre une valse de
Chopin ou une sonate de Mozart s'échappant par les portes grand ouvertes sur le
jardin?
Aujourd'hui les tortues ont disparu, les volets sont toujours clos et les
grilles cadenassées. Le jardin des Vettiner est à jamais silencieux...
Hélène
Vettiner
dans la voiture de son père. Elle avait son permis de conduire !
Photo aimablement confiée par M. Maumelat (qui vit à Bouliac en 2009) ; à
droite, sa soeur Jacqueline.
Le 17 février 2011: la
maison Vettiner va être restaurée par la commune.
Les travaux commencent par l'abattage de la grande sapinette qui masquait
la façade de la maison. Elle était plus que centenaire !
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Le tronc élagué commence sa chute. |
La chute va s'achever |
Le géant terrassé ! J'ai vu des larmes dans les yeux de certains témoins. |
Visite nostalgique le 17 février 2011
La tronçonneuse entre en action |
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Le vieux puits retrouve la lumière |
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Le début des travaux en janvier 2012
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Les gros travaux ont commencé. Cette photo,
aimablement offerte par Michel Costa (correspondant Sud-Ouest), montre une
mini-pelle au travail à l'intérieur de la maison, On peut voir, sur les murs, des lambeaux de tapisserie et les cavités qui étaient occupées par les poutres qui soutenaient le plancher de l'étage. |