Château Luber-Chaperon


Vue aérienne du château Luber-Chaperon en 2006

Repères historiques

"Luber-Chaperon était autrefois la maison noble De Lafourcade ou de Truchon. En 1663, Denis de Truchon, conseiller au Sénéchal, dût vendre une partie de ses biens qui s'étendaient sur les paroisses de Baron, Saint-Germain du Puch, Carignan et Arveyres. En 1732, les biens de Denis de Truchon furent saisis et vendus aux enchères le 18 janvier, l'adjudicataire fut Henri Croizat, marquis de Thorigné, seigneur de Marigny et autres lieux. En 1737, sa veuve Françoise de Queneville donne le domaine à ferme et demande que l'on construise, dans la palus de Bouliac, une chambre de maître et de paysan, un cuvier et un chai, et que soient réparés les bâtiments de la Côte.

D'après les projets de réparation de 1737, il semble que ces bâtiments formaient un long rectangle, regroupant : logements, celui du fermier à un étage, grange, chai, cuvier et parcs à boeufs et à brebis. Ces bâtiments étaient vétustes puisque le portail du cuvier a besoin de deux jambages et d'un seuil en pierre.

En 1749, le domaine est acquis par J. Médous, négociant à Bordeaux, la vente se passe chez un notaire parisien, et la prise de possession se fit en présence du notaire Saugeon, de Latresne, le 9 septembre 1749 ; traditionnellement, au cours de cette formalité, les immeubles sont minutieusement décrits, mais les archives de ce notaire n'ont pas été déposées. Le fils de J. Médous hérita, et, en 1785, vend ce domaine à J. Ruffe , qui quelques mois plus tard, le cède à son fils(?). En 1792, J. Ruffe le jeune vend la maison de Lafourcade, ou de Truchon à Thimothée Lubbert, fils aîné, négociant, demeurant aux Chartrons.

Le cadastre dressé en 1824 montre effectivement un long rectangle où les bâtiments ne sont pas séparés. Ensuite, Marie Lubbert, épouse  Pierre Chaperon, hérite du bourdieu qui passe ensuite à leur fille Suzanne, épouse J.Duthil, négociant au milieu du XIXème siècle. En 1866, la maison est partiellement démolie, semble-t-il, et reconstruite par Pierre-Numa Sensine et Adolphe Chalès, co-propriétaires, armateurs, rue d'Enghien à Bordeaux.

La reconstruction se passa entre 1868 et 1870... la vigne y était encore exploitée en 1983. Il a toujours été possédé par des négociants ou professions libérales.

...du bord de la route où se dresse le portail, une allée bordée de pommiers  traverse une ancienne pièce de vigne et mène au parc où se dresse la maison de maître, entourée d'une large allée ; les bâtiments d'exploitation sont séparés et au nord. Clôtures de grillages et haies vives limitent le domaine. Le parc est planté de très beaux arbres, : platanes, cèdres, chênes d'Amérique, et la charmille qui existait déjà en 1824, est toujours vivace."

Complément

(1) En 1874, le domaine (propriété Sensine et Chalès) produisait 80 tonneaux.

(2) En 1824, sur le cadastre napoléonien, le domaine a une superficie de 50 hectares.

(3) Le 25 avril 1836 a été enregistrée la réclamation du sieur Chaperon fils aîné sur sa prestation en nature qu'il juge trop élevée ; le conseil note que "le réclamant ne fait aller pour l'exploitation de son domaine que deux paires de boeufs et un équipage à deux chevaux de trait, et deux ânes."

 

Château Luber-Chaperon : façade ouest (1993

Château Luber-Chaperon : façade ouest  au début du XXème siècle

 

Château Luber-Chaperon : angle sud-ouest (1993)

Le perron (1993)

 

Châtau Luber-Chaperon : façade est (1993)

Sculpture de l'entrée symbolisant le métier d'armateur : "SC" est gravé sur une caisse posée sur des tonneaux avec rames, canon, gouvernail, longue-vue, ancre et bois avec branches d'olivier.

Détail de l'agrafe des fenêtres et des pilastres cantonnant les travées (1993).

 Porte d'entrée sur la façade est (1993).

Façade nord (1993).

Façade sud (1993).

Les armateurs Sensine et Chalès

Adolphe Chalès (né à Casseneuil, en Lot-et-Garonne, en 1821) : il entre dans la marine marchande en 1840, puis sert comme officier de marine en 1843-1845, avant de devenir capitaine au long cours en 1847-1856, avant de fonder en 1856 la maison d’armement maritime Sensine & Chalès. Cette fonction ne consiste alors pas seulement à diriger un navire ; en effet, les bateaux travaillant en Asie partent souvent pour plus d’une année, pratiquent du cabotage, la collecte et la revente de marchandises et de denrées pour constituer peu à peu le fret de retour vers l’Europe ; le capitaine au long cours est donc en même temps un véritable fondé de pouvoirs de l’armateur-négociant, qui acquiert des aptitudes commerciales et financières de haute volée.

Tandis que les marchands marseillais labourent les contrées de la Méditerranée orientale et de la mer Noire – les fameux ‘Levantins’ servant de symbole de ces activités –, Phocéens et Girondins se retrouvent tous en Océan Indien. Ils n’ont pas attendu le percement du canal de Suez pour développer des antennes commerciales dans les îles. Or les Bordelais ne restent pas l’arme au pied devant le dynamisme de leurs confrères provençaux ! Leurs navires gagnent l’océan Indien (comme ceux de Faure frères), avant que des capitaines au long cours réputés (Sensine & Chalès, notamment) et une famille appelée à un renom et à une force considérables, celle des Denis, commencent à explorer les ressources commerciales de l’Extrême-Orient, en Indochine notamment.

Les Archives Départementales de la Gironde possèdent un "fonds Sensine et Chalès 4 J 849" comprenant 6 six dossiers dans lesquels sont cités des navires de ces deux armateurs : le Damblat désarmé en 1855, "Le Précurseur" (1878), Le Léon , 3 mâts partant pour Singapour et Hong Kong (1863-1864), l'"Impératrice Eugénie", 3 mâts allant à Calcutta (1868 et 1869), la "Suzanne", brick partant pour Batavia et Singapour (1866-1867) puis pour Singapour et Saïgon (1871-1873) et "Le Bengale, trois mâts partant pour les Indes (1862-1864).