L'église de Bouliac
Repères historiques
Au VIème et VIIème siècle, Bordeaux était entouré de domaines, vastes espaces couverts de forêts ou de friches, et de villages, groupes d'habitations (vicus : nom latin donné à une petite agglomération). A cette époque, la vigne était cultivée sur les versants bien exposés qui dominaient la Garonne et ce vieux village a possédé une des premières fondations chrétiennes des domaines entourant Bordeaux : la "Vodollacensis basilica" citée par Grégoire de Tours dans son "Liber in gloria confessorum", rédigé vers 587-588.
Grégoire de Tours, Les sept livres des Miracles
Rien n'a subsisté de ce premier édifice religieux qui ne sera mentionné qu' au XIIIème siècle avec les noms de quelques desservants qui partageaient leurs revenus avec les chanoines de Saint-Seurin, de Saint-André et quelques seigneurs laïques. |
Les deux dessins ci-dessous sont extraits de la monographie de l'église de Bouliac publiée par le Centre de Recherches Léo Drouyn de l'Université Michel de Montaigne hébergé dans les locaux du Centre Culturel de notre commune, à quelques pas de notre église.
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L'ancien clocher démoli en 1864 . |
Dessin au crayon réalisé par le Marquis de Castelnau le 5 juillet 1847. En comparant les deux dessins on constate que les créneaux percés de meurtrières (dessin de gauche) ont disparu sur le dessin de droite. On peut donc avancer qu'is ont été supprimés entre 1823 (date de la réouverture de l'église) et 1847. |
Cette aquarelle naïve du 18ème ou 19ème siécle , appartenant à l'album
XIII de Léo Drouyn n'est pas de sa main. Michèle Gaborit, Maître de
Conférences en Histoire du Moyen-Age à l'Université de
Michel-Montaigne-Bordeaux III, en a fait le commentaire suivant :"Au
premier plan, une procession se déroule avec le bedeau portant la
croix, les enfants de choeur, le curé, quelques paroissiens et un
enfant qui court pour rejoindre le cortège. Au premier plan , un arbre
à moitié mort donne un aspect romantique à la composition. Ce qui fait
tout l'intérêt de cette lithographie , par ailleurs naïve et amusante,
est la vue de l'eéglise de Bouliac : on y voit à cette date , au-dessus
de l'abside, une chambre forte percée d'archères en croix pattées
- qui est conservée - et, sur le mur sud de l'église, un parapet
crénelé qui a disparu.
L'ancien clocher occidental et un porche bas qui le précédait, démolis
tous deux en 1864, y figurent, comme sur le dessin du marquis de
Castelnau en 1847.
On connaissait, dans l'album du marquis de Castelnau, conservé aux
Archives Départementales, un dessin à la plume sur calque signé Léo
Drouyn, dont la légende, écrite de sa main, précise qu'il s'agit de
"l'église de Bouillac au commencement du XIXème siècle".
Après le curé Pierre Berland, les archives sont pauvres : une donation
le 22 novembre 1480 de 12 liards d'un habitant de Bouliac à
l'oeuvre de Saint-Siméon de Bouliac et autant au luminaire de
Notre-Dame ce qui permet de supposer que l'église possédait, à cette
date, un autel dédié à la Vierge. On y trouve rapportées les
visites épiscopales du XVIIème et XVIIIème siècle : visites du Cardinal
de Sourdis et du Cardinal Meriadeck de Rohan.
La notice historique de l'abbé Pareau
page
161 de son ouvrage
A droite, en entrant, on lit sur le mur :
"Eglise Saint-Siméon de Bouliac."
"Basilique romane classée."
"Fondée aux premiers siècles sur l'emplacement de la villa du
Gallo-romain Vodol, d'où Vodollacum, Bodollacum, Bouliac.
"Vers 580, St Grégoire de Tours y vénéra les restes de deux saints
prêtres.
"Elle a servi de refuge aux habitants durant la guerre de Cent ans.
Elle a eu la gloire d'avoir pour curé Pey-Berland qui en releva les
ruines.
"Elle résista victorieusement, en 1649, aux assauts du Duc d'Epernon,
"Mutilée par la Révolution de 1793, elle a été depuis restaurée et
embellie par ses curés successifs, notamment par MM. Dubordieu, Vidal,
Pareau.
Dimensions
intérieures de l'église
page
160 de l'ouvrage de l'abbé Pareau
"Notre église comprend trois enceintes:
1° Celle du clocher mesurant 5 m 60
2° Celle de la nef ...............20 m 00
3° Celle du sanctuaire ..........8 m 60
Longueur totale 34 m 20
La nef a de large ..................8
m 60
20 x 8,6 = 172 mètres carrés.
Elle a de haut ........................8 m 15
Les travaux du XIXème siècle
Désaffectée pendant la Révolution, l'église voit sa réouverture en 1823 après un appel à la générosité des bouliacais : "La plus petite paroisse du diocèse a cependant donné de 18 à 20 000 francs pour le rétablissement du culte." Mais, charpente et lambris nécessitent une remise en état. Les bouliacaises demandent alors l'aide du préfet puis de l'archevêque de Bordeaux. Le 7 mars 1827, la commune emprunte 4000 francs pour la réparation de la charpente.
Les grandes restaurations datent du Second Empire. Le 10 septembre 1854 la fabrique demande, au conseil municipal, une autorisation de travaux à l'intérieur de l'église. Le devis retenu par la fabrique s'élève à 25 000 francs pour des travaux à réaliser en deux étapes : d'abord, charpente, voûte en bois, carrelage des sols puis , dans un deuxième temps, le voûtement de la nef, la construction d'un porche, d'une tour et d'un clocher. Le projet est bloqué par l'architecte diocésien le 6 avril 1859 qui avance que "il n'est pas démontré que le clocher actuel soit insuffisant..."
Le 14 novembre 1858, le Conseil examine une délibération du conseil de Fabrique qui demande a être autorisé à faire des réparations à l'église et qui s'engage à solder la dépense s'élevant à 25200 francs, une partie de cette dépense (7000 francs) serait couverte par une souscription volontaire des habitants de 7000 francs.
Le curé Dubordieu reprend le projet du 10 septembre 1854 en utilisant une décision du Ministère de l'Intérieur de février 1856 indiquant que l'autorisation de l'évêque est suffisante pour l'exécution de travaux à l'intérieur d'une église. Le 30 août 1859, le Cardinal donne l'autorisation attendue pour la réalisation de la restauration intérieure de l'église en précisant "ce devra être sans préjudice de la construction du clocher pour laquelle votre zèle saura dominer les difficultés et les obstacles". Fin 1859 et début 1860, lambris et carrelage sont changés, les murs raclés, les sculptures décapées, et les 6 fenêtres de la nef sont restaurées à l'intérieur et à l'extérieur. Des travaux ayant été faits à l'extérieur, la Commission des Monuments Historiques, par lettre du 14 février 1860, demande l'arrêt des travaux. Cette lettre restera sans effet : deux grandes arcades sont établies dans l'épaisseur des murs nord et sud à l'intérieur, la nef est couverte d'un plafond de bois à caissons et l'abside est décorée de peintures murales. A l'extérieur, la partie triangulaire du petit clocher du chevet est démoli en 1861 puis reconstruit en pierre de Bourg (voir le dessin du Marquis de Castelnau du 5 juillet 1847). En 1864, c'est l'ancien clocher ouest qui est démoli pour laisser place à une nouvelle flèche, le clocher actuel, dont les clochetons seront terminés en 1870.
Le 20 décembre 1868, le Conseil approuve "que le maitre autel existant... soit remplacé par un autel neuf de style roman...et que la somme de 2000 francs léguée à la fabrique par Mme Veuve Sermensan aux termes de son testament du 20 novembre 1866 soit affectée à cette dépense."
Le 10 octobre 1869, le Conseil vote une somme de 200 francs "pour solder la dépense de reconstruction du clocheton que la tempête du 20 septembre dernier a renversé sur la toiture de l'église..." Enfin, 1877 voit la démolition de l'ancienne sacristie, au sud, qui sera remplacée par la sacristie actuelle.
1872 : l'année de l'horloge !
Jusqu'à cette année, les bouliacais lisaient l'heure sur leurs montres
ou leurs cadrans solaires.
Le 10 novembre
1872, le
Conseil félicite le maire d'avoir doté la commune d'une horloge que
l'on va prochainement installer dans le clocher, horloge "offerte par
les habitants de la commune et divers divers soucripteurs. Il est
décidé que chaque souscripteur sera invité à l'inauguration.
Le 15 août 1874, le Conseil apprend que le maire "a fait quelques dépenses à l'occasion de la visite que son Eminence le Cardinal Archevêque de Bordeaux a fait à Bouliac, telle que construction d'un Arc de Triom, tentures ... ces dépenses s'élèvent de 80 à cent francs environ... " Il le remercie "d'avoir bien voulu diriger ces constructions et donner à cette réception l'éclat que chacun a constaté avec satisfaction."
Le 31 mai 1877, le Conseil a connu une séance houleuse ! C'est la reconstruction de la sacristie qui était au centre des débats. On lit : " Monsieur le Maire... n'a pas cru utile de faire réunir le conseil municipal...Un membre témoigne le regret qu'une convocation spéciale du Conseil n'ait pas eu lieu sur cette affaire et demande à ce que ce regret soit inscrit au procès-verbal ! Cet extrait nous permet d'imaginer l'ambiance de ce débat. Quoi qu'il en soit, la sacristie a été reconstruite, le Conseil vote une somme de 500 francs pour la participation communale.
Le curé Pareau avait été installé en 1876. Ecoutons le nous
parler de cette sacristie :
"A mon arrivée, une masure vieille, basse, humide, servait de
sacristie. Elle disparut en 1877, et se releva large, bien aérée,
l'honorable M. Hugla, maire, dirigeant lui-même les travaux. Le
pourtour est garni de haut en bas de placards où se logent de grandes
richesses:
6 ornements blancs,
3
" noirs,
2
" violets,
1
" vert,
6 chapes de couleurs diverses ;
nombreuses étoless, nombreux candélabres ; 40 costumes d'enfants de
choeur ; bannières ; aubes ; surplis ; nappes ; linge d'autel ; écarpes
; anti pendiums ; missels ; livres liturgiques ; tentures funèbres ;
trois tapis-moquettes ; croix ; encensoirs ; fleurs artificielles ; en
un mot, tout ce que le culte requiert, s'y trouve largement.
Devenue trop petite, cette sacristie fut rolongée jusqu'au tombeau
Castaignet, en 1895, et comme il n'est point permis à une
administration sérieuse d'être imprévoyante, les nouveaux murs furent
bâtis en double. S'il plait un jour à la Fabrique d'ériger une chapelle
à la Vierge, elle n'aura qu'à faire tomber les parpaings où s'adosse
l'autel et à construire une voûte.
Le prix total de ces deux bâtiments,avec leurs aménagements propres et
divers, est en chiffres ronds de 5000 francs.
Les ornements sacrés, les livres, linges, ustensiles liturgiques, matériel de processins, du Jeudi-Saint, des sépultures, etc. etc. acquis depuis 1876, forment à coup sûr, un prix total qui n'est pas inférieur à 4000 francs. Notre dais seul revient à 4000 francs."
Des histoires de croix
On rencontre
beaucoup de croix dans les archives communales et beaucoup de
discussions les concernant ! L'abbé Pareau cite celle de l'ancien
cimetière qui entourait l'église (actuellement place Chevelaure) :"Au centre de ce petit
cimetière,
s'élevait une croix de pierre, légèrement noircie et égrignée par le
temps. Elle avait traversé les jours de la Révolution . Pourquoi, et
par qui fut-elle démolie sous le pastorat de M. Dubordieu ?
Quels que soient le motif, et l'auteur que je n'ai pu sûrement
connaître, il faut les blâmer. Démolir une croix, jamais, à moins que
ce ne soit pour la faire plus belle...
Sur le carrefour de Robardeau et de Monjoan, Mme Castaignet , la femme
de l'infortuné TU-TU, avait jadis érigé de ses deniers une petite croix
de sapin peinte en noir , sur le modeste piédestal de pierre que
nous voyons aujourd'hui. En 1878, à frais communs avec M. Hugla et M.
le Curé, elle la remplaça par la croix de fer actuelle.
Le dimanche qui suivit son érection, cette croix, encadrée de
guirlandes vertes et toute parfumée des dernières senteurs de
l'automne, fut solennellement bénite en présence d'un nombreux concours
de fidèles.
Mgr Donnet a accordé 40 jours d'indulgences, applicables aux défunts,
aux passants qui récite un Pater, un Ave et un acte de contrition.(1)
La croix du cimetière,
fixée sur un piédestal en moellons, n'avait guère le pied plus long que
les bras. M. Hugla fit don du bloc actuel qui est vraiment beau et la
fabrique fit allonger le pied de la croix et dorer les attributs
symboliques dont elle est ornée.
Une inscription sur plaque émaillée et une petite marche en bas du
monolithe invitent les passants à dire un Pater et un Ave. 40 jours
d'indulgences, applicables aux défunts, sont accordés à cette prière
mais à la condition qu'on la dise, là même, aun pied de la croix."
(1) Dans un
chapitre intitulé "LA GUERRE A DIEU" , après avoir relaté un fait
divers daté de 1886, l'abbé Pareau écrit :"Vers la même époque, la
petite croixde Monjoan fut renversée."
L'église avant 1930 : on distingue, à gauche et à droite du porche , le mur du cimetière
La croix baladeuse de 1826 que l'on peut voir actuellement à l'entrée du cimetière
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Le récit de l'abbé Pareau "Au centre de la place, s'élevait une croix,
pieux souvenir du jubilé de 1826. Ce n'est pas cependant l'esprit d'impiété
qui renversa la croix. En décembre 1880, un nouveau piédestal se dressa
pour la recevoir , vis-à-vis du portail du domaine Manières. La neige
força le maçon , M. Léli Badé, de suspendre son travail. arrivèrent les
élections de janvier 1881 ; la majorité de surprise disparût, et la
croix n'avait pas pris place sur le piédestal inachevé. Le 3 août 1884, le
Conseil prend connaissance de "la pétition de Madame Desgranges née
Biron demandant que le socle de la croix qui a été construit au devant
sa propriété soit démoli et, reconstruit sur l'emplacement que la croix
occupait antérieurement. Cette demande est appuyée de l'approbation de
cent trente habitants de la commune qui demandent le rétablissement de
la croix. |
Les travaux du XXème siècle
Des travaux importants ont été réalisés en deux temps. De 1973 à 1978, M. Duru, architecte des Bâtiments de France, fait gratter intérieurement l'abside, et en fait refaire le sol ; les fenêtres sont restaurées en enlevant quelques chapiteaux romans pour les remplacer par des blocs de pierre. Ceux qui furent laissés en place ont été remplacés en 1990-1991. Quelques années plus tard, de 1984 à 1991, M. Fonquernie, architecte en chef des Monuments Historiques, restaure le sol de l'abside à son ancien niveau, supprime deux autels latéraux, installe un nouveau système de chauffage et d'éclairage, un autel de pierre dans la travée droite de l'abside, harmonise l'extérieur du chevet et rénove les peintures murales de la nef.
Les peintures détruites
Une des nombreuses représentations du
tétramorphe : |
En 1974,
la restauration de l'église détruisit les peintures du chevet (voir les
cartes postales ci-dessous) commandées en 1872 à Joseph Villiet.
Exécutées à la cire, procédé très utilisé au XIXème siècle produisant
des couleurs vives, ces peintures couvraient tout le sanctuaire. Dans
le cul-de-four de l'abside sur fond or imitant la mosaïque, comme dans
les églises byzantines, on pouvait admirer une Trinité : sous la
colombe du Saint-Esprit, Dieu le Père tenait la croix ornée de l'image
du Rédempteur crucifié. De larges rinceaux, portant des médaillons
représentant les quatre Evangélistes, enlaçaient la mandorle ornée de
cette Trinité. Cet ensemble très coloré, aux contours cernés d'un trait
noir, se détachait vivement sur le fond azur clair, comme sur les
manuscrits du XIème et XIIème siècle.
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Cette Trinité bouliacaise rappelait la célèbre fresque de Masaccio de l'église Santa-Maria-Novella de Florence (1426). |
Une des nombreuses représentations du Christ en gloire |
L'église dans les années postérieures à 1930 (car l'ancien cimetière a disparu). La croix, à gauche de l'abside, a été placée, vers 1960(?), à gauche de l'entrée du cimetière actuel. |
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Le rapport ci-contre donne la description
détaillée la plus ancienne de l'église de Bouliac (1854) et des
dessins réalisés par M. Déjean, d'après le relevé et sous la direction
de |
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Vestiges du maître-autel dessiné par l'architecte Hostein en 1868, érigé par M. Vidal grâce à une subvention de la fabrique et un don de 2000F venant de Rose Vial, veuve Sermensan. " oeuvre romane d'une exécution irréprochable" a écrit l'abbé Pareau. La porte émaillée du tabernacle ornée de l'image en relief du Bon Pasteur portant la brebis rappelait les premières représentations des catacombes. Elle est, actuellement, incluse dans le mur du chevet. Il était surmonté d'une fortification crénelée symbolisant la Jérusalem Céleste. Photographie aimablement offerte, en 2010, par Michel Costa, correspondant à Bouliac du journal Sud-Ouest. |
Les grandes orgues de l'abbé Pareau
D'où vient l'argent ?
Le curé
Pareau raconte : "En 1878, Mme Veuve sensine me fit remettre de la
main à la main 5000 fr. De cette somme confiée à mon honneur, avec
libre emploi, j'ai consacré 1000 fr à la construction de la première
sacristie, 1000 fr à l'achat de la cloche n° 3, et 3000 fr à faire
boule de neige. Ces grandes orgues occupent tout le mur ouest de l'église. Le buffet est réalisé par Félix Boucher. Sur la balustrade de la tribune, le curé a fait placer une niche occupée par une belle statue de sainte Cécile (oeuvre de Tournier ou Fournier) . |
Les grandes orgues avec la statue de Sainte Cécile dans sa niche. |
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"La forme et l'exécution du buffet des
orgues semblent irréprochables. On se demande comment dans un espace si
restreint, sans avancer sur les fenêtres, on pourrait faire plus
gracieux, plus beau, plus grandiose ? comment aussi on pourrait
ciseler plus finement, d'un coup plus achevé colonne et
chapiteaux ?
Le buffet est divisé en deux parties, à cause de l'arceau qui donne
accès dans le clocher. elles se relient par la balustrade d'une
tribune, dont la ligne raide est coupée par un ciborium, sous lequel
s'abrite une ravissante Ste Cécile. Cette vierge radieuse, "Cet
angélique semeur des chastes conseils"
a été faite exprès pour nous, d'après une maquette préalable dont
on a discuté longuement le vêtement, la pose, l'air inspiré. Le prix
total est de 9000 francs. L'auteur des buffets est M. Félix Boucher,
Bordeaux."
Un oiseau chante dans cette cage
magnifique. Son chant est puissant, ses modulations toujours
harmonieuses sont tantôt graves et profondes, tantôt douces, suaves,
lointaines comme l'écho languissant des voix angéliques, qui redisent
au ciel l'éternel hosanna.
Ce chantre divin sort des ateliers de M. Gaston Maille le facteur bien
connu de notre ville. Il a dix jeux. Il coûte 8000 francs."
(Abbé Pareau, page 63 et 64)
Les cloches
racontées par le curé Pareau
"La plus ancienne de nos quatre cloches porte sur son
pourtour : " M. Michel-Joseph de Gourgue , président au Parlement de
Bordeaux, parrain : Mme Marie de Lion, son épouse, marraine ; J.-B.
François Olivié, curé ; AugustinDupuch, fabriqueu ; Poulange, fondeur.
A la suite, viennent deux fleurs de Lys, mais point de date. Ces lys,
les termed de l'inscription, et le pastorat d'Olivié, qui dure de 1759
à 1791, permettent d'affirmer que cette cloche est antérieure à la
grande révolution du siècle dernier. D'autre part, comme Michel de
Gourgue a présidé le Parlement de l'an 1771 à l'an 1790 (1), que
Poulange apparaît comme fondeur seulement en 1780, on arrive à conclure
que le baptême de notre cloche eût lieu entre 1780 et 1790.
La réparation des accessoires de cette cloche, chapeau coussinets,
etc., nous a coûté, en 1898, le chiffre de 300 francs.
En 1878, la foi de mes paroissiens, toujours généreuse lui
donna trois soeurs jumelles, merveilleux enfantement qui causa dans la
paroisse une allégresse universelle. Tout le monde accourût à la fête
du baptême. Elle fut belle , grandiose. C'était le 3 septembre.
Son E. le card. Donnet la présida, entouré des principaux
notables de la paroisse, sous les regards rayonnants d'une foule ravie.
Jamais nous n'avons eu si bel arc de triomphe sur la place centrale.
Deux lignes de mâts enguirlandés et ornés de bas en haut d'oriflammes
de couleurs variées partaient du fond de la place et venaient former au
sommet un rond-point, une sorte d'abside dont la voûte en guirlandes
fleuries s'en allait en avant de plusieurs mètres. C'est sous ce
berceau gracieux et parfumé que M. le Maire, en écharpe, escorté de son
Conseil, en présence du clergé, devant une foule de braves citoyens
souhaita la bienvenue à son Eminence...
Le lendemain de cette fête inoubliable, nos trois jeunes néophytes,
quittant leurs blanches couronnes et les fines broderies de leurs
vêtements blancs, montèrent de notre nef dans leur cage aérienne auprès
de leur aînée.On lit sur la première de ces trois cloches, qui est la
plus grosse des quatre :
Marie-Angèle.
Parrain : Jean
Hugla, maire.
Marraine : Angèle Bourgès.
J'appelle les vivants ;
Je pleure les morts ;
J'embellis les fêtes .
Fidèle à sa devise, cette cloche sonne à tous les enterrements,
mariages, baptêmes et fêtes solennelles. Elle pèse 847 kil.
J'ignore le poids de la cloche numéro 2, l'ancienne. C'est sur elle que l'horloge, construite en 1873, frappait les heures. En 1878, M. le maire, Hugla, les fit frapper sur la cloche numéro 1.
La cloche numéro 3 porte ces mots :
Marie-Alexandrine.
Parrain : Alexandre Charriol ;
Marraine : Marie-Laure Chalès.
Montagnes et collines louez le seigneur .
au coeur immaculé de Marie.
Mme Vve Sensine.
Cette cloche pèse 238 kil.
La cloche numéro 4 est le don d'une personne qui déclara ne vouloir jamais être connue. On y lit :
A Saint-Joseph.
L'homme fidèle à Dieu sera glorifié.
Louise-Angèle.
Parrain : Pierre-Louis Reyt.
Marraine : Angèle Panchaud.
Cette cloche pèse 96 kil.
A chacune de ces trois inscriptions s'ajoutent ces mots :
L'an 1878,
Sous le Pontificat de Léon XIII.
Le cardinal Donnet, archevêque de Bordeaux.
E. Pareau, curé de Bouliac.
Henri Deyres, Fondeur, Bordeaux.
Nos trois cloches , ensemble, pèsent 1181 kil., et coûtent
3.60 le kil.
Total 4249 fr.60.
Nous dûmes doubler les madriers du beffroi trop faible pour les
soutenir, et nous eûmes de ce chef une dépense de 627 francs."
L'intérieur de l'église avant les travaux de la fin du XXème siècle
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La présence de l'autel montre que ces photographies sont antérieures à 1974, date de la grande restauration de la nef qui fit disparaître tout le mobilier du XIXème siècle et l'abat-voix de la chaire. La nef perdit ses statues, ses autels, ses lustres et son chemin de croix. Elle garda le confessionnal en chêne de Hongrie (Hugla, 1881), visible sur la photo ci-dessous à gauche.
"Le confessionnal actuel, en chêne de
Hongrie, d'une forme si gracieuse, d'une exécution si pure, remplaça,
l'an 1881, un vieux confessionnal de sapin.
Il est surmonté d'un calvaire ; la source des pardons divins est pacée
au-dessus des aveux repentants du pêcheur. Prix total 2100 francs".
(Abbé Pareau, page 62).
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L'intérieur de l'église en 2010 |
L'autel en 2010 |
L'église au XXIème siècle
Reproduction du parchemin de présentation de l'église, inaugurée en
1995.
La superbe chaire que l'on peut admirer en 2010 a été réalisée par Paul Hugla en 1875 grâce à un don de 5000 francs de M. Gardère. Les quatre panneaux sculptés représentent Moïse, David, Saint Pierre et Pie IX.
Ami lecteur, si tu possèdes quelques photos de l'église de Bouliac, adresse-moi leurs copies pour enrichir ce site.
Quelques photos empruntées au diaporama de Sylvie Ometz
Pour visionner la totalité du diaporama, cliquez sur le lien suivant : http://www.societe-archeologique-bordeaux.fr/Table/Excursion-Visite
pour ouvrir la page Vieilles églises de la Gironde. Sur cette page cliquez sur 4- Reportage photo.
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